Europe Echecs n.763 - avril 2025 - Boris Spassky

Descrizione
Europe Echecs n.763 - avril 2025 - Special Boris Spassky tribute
Boris Spassky nous a quittés le 27 février à l’âge de 88 ans. Son nom sera indissociablement lié à celui de Bobby Fischer. Couronné en 1969 face à « l’invincible » Tigran Petrossian, il restera dans l’histoire comme le perdant magnifique qui a permis au « match du siècle » d’avoir lieu. Joué dans un contexte sulfureux provoqué par les réclamations et revendications incessantes du champion américain, le gentleman Boris Spassky avait conservé, contre vents et marées, un esprit chevaleresque pour risquer son titre mondial. Pourtant, Spassky aurait pu, avec l’appui des directives de Moscou, refuser de continuer le combat pour ne pas se plier aux exigences de son adversaire et ainsi conserver son titre.
Le président de la FIDE, Max Euwe, avait envoyé ce télégramme après un premier forfait de Fischer :
« En cas d’absence de Fischer partie 3 – Président FIDE annonce qu’il devra être présent partie 4 – sinon match terminé – Spassky champion du monde. »
Nous lui sommes reconnaissants à jamais d’avoir mis son sens de l’honneur et son amour du jeu au-dessus des considérations du règlement et de la politique.
En 2008 à Dresde, Boris avait rendu un hommage poignant à Bobby qui était presque une déclaration d’amour à son valeureux adversaire qui venait de nous quitter.
Les deux hommes avaient beaucoup de points communs, très charismatiques, une précocité et un talent inhabituels, une enfance difficile marquée par l’absence du père et une indépendance d’esprit qui les rendaient politiquement « incorrects » dans les deux blocs qu’ils étaient censés représenter.
« Le propre de l’homme est d’aimer même ceux qui l’offensent. » Marc Aurèle
Spassky rappelait quelque peu le guerrier-philosophe, cultivé et patriote, pétri de paradoxes et de contradictions, avec un humour redoutable et parfois un sourire carnassier devant l’échiquier. Une forte personnalité, courageuse, capable de dresser des ponts entre le « monde libre » et le bloc de l’Est. Un homme de dialogue à contre-courant du monde clivant dans lequel nous vivons.
Je l’ai vu jouer pour la première fois en 1968 à Lugano. On m’a rapporté qu’à cette occasion, il était celui qui avait manifesté le plus d’écoute et d’empathie aux interrogations des GMI tchécoslovaques Kavalek et Pachman, alors que les chars soviétiques avaient mis un terme au Printemps de Prague.
Nous lui consacrons un dossier important dans ce numéro qui deviendra certainement un « collector ». Spassky est l’un des derniers dont l’aura reposait, à son apogée, sur des qualités essentiellement humaines, une puissante connaissance du jeu, une imagination fertile en milieu de partie dont le style fut qualifié bientôt d’universel. L’intrusion de la technologie et des ordinateurs qui allaient peser d’un poids décisif dans l’évolution du jeu, n’était pas encore venue. Spassky appartenait à ce qui est déjà un autre monde.
Un coup de chapeau à Marc’Andria Maurizzi qui, en s’imposant au « Djerba Chess Festival » alors qu’il était loin d’être le favori, réalisa un véritable exploit. Il remporta le tournoi en solitaire, devançant de 1,5 point le talentueux Belge Daniel Dardha et de 2,5 points le meilleur Elo, l’Iranien Parham Maghsoodloo et le Russe Volodar Murzin, champion du monde 2024 des échecs rapides.
Marc’Andria franchit un palier important, nous lui souhaitons de poursuivre son ascension vers celui des super grands- maîtres, en route vers les 2700.
L’organisateur, M. Chokri Saidi, peut être fier de cette réussite. Son tournoi, dont c’est la 5e édition, se joue dans un cadre idyllique, qui a l’avantage de regrouper tous les participants dans un seul lieu et de favoriser les rencontres. Une expérience qu’il faut vivre et connaître, la devise de la FIDE « Gens una Sumus » retrouve ici tout son sens.
Bonne lecture.
Georges Bertola
Informazioni
- Marca Europe Echecs
- Codice ee763
- Anno 2025
- Pagine 114